I can't help falling in love with you - ft. Mina

I can't help falling in love with you
ft. Mina H. Lockwood

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

Depuis quelques semaines Thésée se concentrait plus difficilement lors des longues réunions de fin de journée auxquelles il se pliait contre son gré. Il le sentait bien, ses pensées s'échappaient, partaient avec délice vagabonder vers un ailleurs auquel il s'était jusqu'alors interdit de penser. Et chaque fois qu'il chassait de son esprit les images qui l'importunaient, elles revenaient de plus belles pour le hanter. Le Grec pensait à une femme. Ce sujet si douloureux auquel il s'était interdit de réfléchir, à cause des souffrances qu'il avait provoqué par le passé. Depuis qu'Angelina, Lina comme il aimait à l'appeler, avait disparu de sa vie, Thésée avait érigé autour de lui une carapace, un mur pour se protéger des femmes et de la souffrance qu'elles pouvaient générer. Il se présentait désormais comme un homme sans attaches, ne cherchant chez les autres que la sympathie et l'amitié. Il n'était pas homme à aller de femmes en femmes pour rechercher la chaleur d'un corps le temps d'une nuit. Thésée était avant tout un homme de coeur, et celui-ci avait été trop gravement endommagé pour s'ouvrir à nouveau. Les portes en étaient closes, le mécanisme, rouillé, tant et si bien qu'il apparaissait à nouveau comme il l'avait été dans sa prime jeunesse, comme le bon ami. Depuis plus d'un an que son retour au célibat l'avait frappé, Thésée n'avait connu aucune femme, aucun corps, rien que la solitude de l'abandon et la tristesse du deuil. Oui mais voilà, lui qui s'était juré de ne plus penser ni à elle ni à aucune autre, trop abîmé par l'amour pour y croire encore, pensait à une femme. Le coeur du blond était probablement trop tendre pour ne pas aimer si longtemps. Il n'avait pas de ces coeurs et de ces âmes desséchées qui se suffisent à elles-mêmes, non il avait besoin des autres pour se sentir pleinement lui, et il avait besoin d'aimer une femme pour se sentir pleinement homme. Il ne s'en rendait pas compte bien sûr, mais tout son être était mû par le désir d'aimer et d'être aimé.

La réunion avait commencé déjà plus de deux heures plus tôt, et Thésée n'en voyait pas le bout. Il en était donc là, à faire semblant d'écouter une femme de la municipalité parler de l'importance de planter plus d'arbres, lorsque son visage vint à nouveau prendre tout l'espace dans son esprit. Il ne savait d'elle rien d'autre que son prénom. Mina. Rien que les quatre lettres de son prénom sonnaient délicatement à ses oreilles comme un tintement l'incitant à la revoir. Il l'avait rencontré un de ces soirs tranquilles où il se rendait dans un bar pour décontracter. Elle avait tout de suite attiré son regard, ses longs cheveux bruns encadrant ce visage à la fois sérieux et mystérieux. Mais le Grec n'était pas du genre à se laisser avoir par le physique, quand bien même il savait reconnaître une jolie femme lorsqu'il en voyait une. C'était plutôt son comportement qui l'avait attiré. Il l'avait vu être énergique, déterminée dans sa conversation, presqu'impériale. Et il avait voulu en savoir plus sur elle. Ils n'avaient pas partagé beaucoup plus qu'un verre, mais son simple prénom et sa présence avaient rendu le gris de ses journées un peu moins sombre. Alors il souhaitait la revoir. C'était un sentiment étrange, car très honnêtement, il ne s'attendait pas à cela de sa part. Il se savait plutôt sur la réserve, tout à fait timide, surtout amoureusement, sans parler de la douleur encore vive et du trou béant que laissaient Angelina dans sa vie. Mais le jeune homme ressentait ce besoin, cet instinct presque primitif, de lui parler à nouveau. Alors quelques jours plus tôt il était retourné dans le bar, et il avait réussi à récupérer, à l'habituée qu'elle avait vu avant lui ce jour-là, son numéro de téléphone. Depuis, le blond l'avait gardé précieusement dans son portable, n'osant pas vraiment le composer.

Il n'était pas amoureux loin de là, pourtant quelque chose le poussait à l'appeler. Et ce désir grandissait le démangeait tant et si bien qu'il fit ce qu'il abhorrait par-dessus tout. Il prétexta une urgence pour quitter la réunion. A peine dehors il avait déjà pianoté sur son téléphone le numéro de la demoiselle qu'il connaissait désormais par coeur, à force de l'avoir lu et relu sous ce nom de contact qu'il se plaisait à regarder. Prenant une voix décontractée, les mains dans les poches de son costume, il avait attendu. A deux doigts de raccrocher, par timidité, il se força à rester près du combiné. Les échos du téléphone le laissèrent bien seul, et au moment de devoir laisser un message, le blond paniqua et lança la première chose qui lui passait par la tête : « Oui bonjour c'est Thésée, le gars du bar. Tu dois pas te souvenir de moi... Mais bon. J'ai récupéré ton numéro car j'ai trouvé un bracelet l'autre soir... et enfin je... je pense qu'il est à toi. Enfin bref je me disais que si tu voulais le récupérer... Je serai dans le parc au nord de la ville en fin de journée si ça te dit. » Il raccrocha. Pathétique. Son teint vira au rouge. Ridicule. Coincé. Raté. Voici les mots qui lui vinrent à l'esprit. Il fallait pour le défendre se rendre compte qu'il n'avait pas parlé de la sorte à une jeune femme depuis des lustres. Et quand bien même il était un génie intellectuel, il était un véritable handicapé lorsqu'il s'agissait des premiers contacts. La drague, il avait perdu la main. Et il n'avait jamais dragué qu'une femme : son ex fiancée. Elle lui avait demandé un travail de longue haleine tant elle était parfaite, mais il était jeune encore et il avait la fougue de la passion. Et voulait-il seulement draguer Mina ? Il n'en était même pas certain. Là tout était différent, il trouvait seulement cette fille chouette, et ressentait ce besoin de lui parler. Et c'était tout. Juste inexplicable. Rien de plus.

Thésée se retrouva rapidement dans de beaux draps : il avait mentionné un bracelet, il n'en avait pas. Alors il quitta le bureau sans plus de cérémonie, et se rendit dans le quartier français de La Nouvelle Orléans, afin d'y trouver un bracelet de seconde main (il ne fallait pas que l'objet fasse neuf sinon son entreprise serait découverte), qui pourrait correspondre à l'idée qu'il s'était fait de cette femme. Il trouva ce qu'il cherchait sans trop de difficultés, car elle n'avait pas l'air d'aimer ce qui était trop précieux ou trop raffiné, et il se rendit dans ledit parc. Déambulant tranquillement en profitant de la chaleur de l'après-midi, Thésée attendit patiemment. Rien ne lui disait qu'elle viendrait. Après tout, elle n'avait pas perdu de bracelet... Elle pourrait simplement choisir de l'ignorer, ou lui mettre un sms en lui disant "bonjour ce n'est pas à moi". Tout ceci évidemment en partant du principe que l'autre gars ne lui avait pas donné un faux numéro. Il se rendit compte de l'absurdité de la situation : il avait fait des plans sur la comète, sans savoir si elle viendrait, combien de temps il devait attendre, si elle était disponible ou même si elle recevrait sa missive. Quoi qu'il en soit, il attendit.

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ft. Mina H. Lockwood

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Il avait agi rapidement, sous le coup d'une impulsion mystérieuse qui l'avait poussée à tenter de la revoir. Et pourtant ce n'était personne si ce n'est une inconnue, croisée un soir dans un bar et avec qui la conversation, quoi que banale, avait apaisé son esprit en constante ébullition. Elle était une femme de taille moyenne, brune aux yeux tantôt verts tantôt marron, selon que la lumière les frappait de face ou d'un angle plus détourné. A première vue, elle n'aurait pas dû tant affecter le garçon. Et pourtant... Peut-être était-ce cet échange sans profondeur apparente, ce verre partagé rapidement sans arrière pensée, et ce détachement dont ils avaient fait preuve l'un envers l'autre, qui l'avait finalement attiré. Tels deux inconnus, ils n'avaient parlé de rien de personnel, mais ce qu'il avait entendu en surface l'avait poussé à vouloir connaître Mina en profondeur.

Il se rendait bien compte de l'absurdité de la situation. Il avait laissé un message incohérent à un numéro récupéré auprès d'un homme douteux, dans l'espoir de retrouver une fille qu'il n'avait vu qu'une fois. Et il se retrouvait là, dans ce parc au coin du jour, en costume, à attendre une femme une breloque dans la poche. Après quelques dizaines de minutes d'attente (car il faut se l'avouer, la précision "en fin de journée" n'était pas claire et Mina pouvait tout aussi bien arriver en fin d'après-midi qu'en milieu de soirée), il se rendit à l'évidence : sa tenue était trop stricte. Hésitant un instant, il défit le noeud de cravate qui enserrait son cou, la replia non sans cérémonie afin qu'elle ne prenne pas un faut pli, et la fourra à l'intérieur de sa veste. Retirant le bouton supérieur de sa chemise, il respira mieux : déjà là, il paraissait plus décontracté. Cette attitude, ce besoin de savoir comment il apparaîtrait aux yeux de celle à qui il avait donné rendez-vous, lui sembla étrange. S'il faisait attention à sa tenue vestimentaire en toute circonstance, bon politicien qu'il était, il n'avait pas pour habitude de se changer sans repasser par chez lui.

Les uns après les autres, les rayons du soleil quittaient les cimes des arbres pour descendre lécher les troncs, leur donnant un éclat particulier. Le soleil se couchait, et elle n'était toujours pas là. Si le Grec n'était pas du genre à abandonner, il ne s'était pas vraiment demandé jusqu'à quand il devait attendre. L'éventualité de passer la soirée là le remplit de troubles : et si elle avait voulu venir mais n'avait pas trouvé le parc ? Lui d'habitude si clair, avait laissé un message d'une grande imprécision à la demoiselle. Il ne pourrait en vouloir qu'à lui-même si elle ne venait pas. Plongé dans ses pensées, il ne l'entendit pas arriver de son côté droit. C'est seulement lorsque sa voix brisa le silence dans lequel il méditait, que Thésée réalisa qu'elle était venue. « C'est marrant je pensais à toi aujourd'hui ! » Lui lança-t-elle comme s'il était tout naturel qu'elle ai pensé à cet inconnu alors qu'ils s'étaient croisés une seule fois, sans promesse de se retrouver plus tard. La phrase le toucha, il sentit son coeur se serrer et le rouge monter à ses joues. Habitué à masquer ses émotions, il laissa pourtant un sourire naturel et ravi, étirer ses lèvres jusqu'alors serrées.

Ils se retrouvèrent alors l'un face à l'autre, sans vraiment savoir de quelle manière il était préférable qu'ils se saluent. Peu enclin aux effusions tactiles, il considéra qu'un sourire serait déjà une belle salutation. Mais il n'eut pas le temps de savoir si cela convenait à la brune, puisqu'elle renchérissait déjà : « Alors comme ça j'ai perdu un bracelet ? » Sa spontanéité le déstabilisa. Son côté franc et brut de décoffrage, c'était ce qu'il avait aimé chez elle la première fois. Et là, elle le mettait à mal dès leur premier échange, car il se rendit bien compte à l'intonation de sa voix, qu'elle n'était pas dupe une seconde de sa petite tentative. Elle savait qu'il avait inventé tout cela, ou tout du moins elle savait que ce n'était pas à elle, mais elle était venue quand même. Cela mit du baume au coeur du blond : elle était venue parce qu'elle voulait le voir, et elle avait pensé à lui... Cette idée lui plut.

Un rapide coup d'oeil aux poignets dénudés de la jeune femme lui confirmèrent ses dires. Elle avait trois bracelets : dont certains semblaient plus récents que les autres, des infimes marques laissant voir les traces du temps sur le plus vieux d'entre eux. Ainsi chacun devait avoir une signification et elle n'était pas du genre à porter n'importe quoi. Il ne se rappelait pas les avoir vu la dernière fois, mais elle avait des manches. Cela lui indiqua au moins une chose : Mina avait un côté sentimental derrière cette attitude franche et détachée. Gêné, et voyant qu'il avait tout fait de travers, il se dit qu'avouer, ou en tous cas en partie, serait peut-être son meilleur plan. Passant une main nerveuse à l'arrière de son crâne pour se frotter les cheveux, il ne perdit pas son sourire mais celui-ci pris une teinte gênée : « Je ne sais pas si tu l'as perdu mais en tous cas j'ai celui-ci... » Disant cela, il accompagna d'un geste ses paroles, tirant de sa poche le fameux bracelet, un ancien jonc en métal, assez épais, dont le centre formait une tresse entrelacée. La tenue entièrement noire de la jeune femme lui confirmait qu'il avait bien fait de ne pas opter pour quelques chose de brillant ou ayant des perles ou autres pierres colorées. La simplicité était peut-être le plus sûr des choix. « Et je ne sais pas... C'est peu-être bête mais quand je l'ai vu je me suis dit que c'était ton style ? » Il aurait pu dire, quand je l'ai vu au bar, mais cela aurait revenu à mentir. Tandis que là, il disait la vérité, en cherchant un bracelet qui lui correspondrait, il était tombé sur celui-ci. Oui mais voilà, ils savaient tous deux que ce n'était pas le sien. Ferait-elle semblant ? Dans la candide situation où Thésée aurait vraiment trouvé ce bracelet au bar ? Ou serait-elle une fois de plus, bien plus franche que lui ? D'un coup il se sentit bête. Il avait vu qu'elle portait quelques bracelets mais qui avaient probablement une signification importante pour elle, et lui arrivait, avec sa breloque d'antan, tout ceci pour lui parler. On dit souvent qu'on fait des folies par amour, mais on peut tout aussi bien être stupide par curiosité.

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ft. Mina H. Lockwood

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Il sentit les yeux de Mina se poser sur le bracelet métallique qu'il tenait entre ses doigts et inspirant plus calmement, il se rendit compte que la présence de la jeune femme avait perturbé sa respiration. Il avait fait quelques secondes d'apnée lorsqu'elle avait vu le bracelet. Cela résultait certainement d'une forme de stress inconscient : car dès que le bracelet serait sorti, le poker serait perdu, et il faudrait affronter une réalité qui pouvait être toute aussi décevante qu'excitante. Quelle serait sa réaction ? Le renverrait-elle dans ses pénates comme on éconduit un prétendant trop insistant ? Mais était-il seulement un prétendant ? Et si oui, à quoi ? Certainement pas au coeur de cette femme. A son amitié peut-être... Mais cette idée ne le satisfaisait pas sans qu'il ne puisse exprimer pourquoi. Comme toute réponse, Mina tendit son bras en avant en direction du Grec, lui présentant son poignet pour qu'il y installe le bijou. Il esquissa un sourire faible, content que l'affaire autour du bracelet et de son mensonge ne soit pas plus longtemps évoquée. Le jeune homme, étrangement peu sûr de lui, recroisa furtivement ce regard brillant et vit qu'elle semblait heureuse du cadeau. Cela lui suffisait. Attrapant délicatement le poignet de la jeune femme, il y fit glisser le bijou. Le contact était étrange, presque intime, et à la fois si banal, si réfléchi. Il faut dire qu'il n'avait pas choisi le bracelet le plus aisé à installer. Il fallait tirer sur les extrémités, pourtant rigides, pour y faire passer le poignet, et c'était le genre de bijou plus facile à installer soi-même qu'à faire mettre par d'autres personnes. Mina lui semblait forte et pas le genre de femme à pleurnicher pour un rien, mais il eu tout de même peur de lui faire mal ou d'abîmer la peau claire qu'il s'efforça de ne pas fixer trop longtemps. Alors il s'appliqua à ce que les bords du bracelet ne lui érafle pas la peau en venant entourer son poignet. « Il est parfait, en effet tu ne t'es pas trompé. » Le compliment le perturba. Il retira ses mains rapidement, presque trop, trahissant un inconfort certain à retrouver ses doigts sur la peau douce de la jeune femme. Thésée n'avait pas, il n'avait plus, l'habitude de ce contact avec une femme. Il ne serrait des mains que dans le cadre du travail, et ne savait même plus s'il était capable de la délicatesse d'une caresse. Et pourtant, tout son être criait ce besoin.

La brune fit jouer son poignet pour que le bracelet vienne tinter avec les autres et s'installer parfaitement au creux de son poignet. Elle se râcla la gorge, détail qui n'échappa pas à l'adjoint du maire habitué à analyser les moindres attitudes des gens avec lesquels il conversait, et qui lui confirma qu'il n'était pas le seul avec une pointe de nervosité dans l'attitude. Elle paraissait si sûre d'elle, mais ce raclement lui indiqua qu'elle n'était pas tout à fait en contrôle de la situation. « Toi, tu dois être le genre de petit ami, hyper attentif, à n'oublier aucune date et à faire de chaque saint Valentin, ou anniversaire quelque chose d'extraordinaire et travaillé. Je me trompe ? » Thésée sentit son cœur manquer un battement et son esprit se serrer. Il ne répondit que par un mince sourire qui trahissait une forme de gêne, presque une tristesse. Cela se voulait gentil, mais la remarque le renvoya à la plus grande souffrance qu'il avait connu jusqu'à ce jour. A la femme qui l'avait abandonné, laissé seul avec tant d'amour et de tendresse à offrir. Elle à qui il avait préparé tant de surprises, offert tant de cadeaux que ce soit pour son anniversaire ou tout simplement pour la voir sourire. Car voir ses lèvres parfaitement maquillées s'étirer, creuser une fossette qu'il pouvait encore visualiser parfaitement dans ses souvenirs, suffisait à le rendre heureux. Ce bonheur s'était évanoui un petit matin et n'avait laissé place qu'à un gigantesque creux dans un cœur qui ne demandait qu'à aimer. Son esprit divagua un instant : où était Angelina ? La seule femme qu'il ai jamais aimé, qu'il avait aimé plus que sa propre vie, et que quelque part, il aimait encore. Trouverait-il un jour de quoi effacer complètement cette femme pour qui il avait essayé d'être ce que la brune appelait "le parfait petit ami" ? Le fait que Mina lise à ce point à travers lui le perturba. Etait-il si transparent ? « La prochaine fois que tu veux me voir, dis le ça t'évitera de te ruiner, enfin de trouver des bracelets abandonnés. Non pas que je n'apprécie pas l'attention, au contraire. » La spontanéité chaleureuse de Mina chassa les pensées sombres qui obscurcissaient son être. Elle agita le bijou sous ses yeux comme une enfant qu'on venait de gâter. Une nouvelle fois pris de court, Thésée laissa échapper un petit rire. Alors décidément elle ne le laisserait pas s'en sortir indemne avec cette histoire de bracelet, et il décida de jouer franc jeu. Comme elle. « Je suis démasqué à ce que je vois... Et bien la prochaine fois, laisse-moi ton numéro si tu comptes venir me retrouver. » Le blond se surprit lui-même. Pour quelqu'un qui ne cherchait qu'une amitié, il était bien engageant. Venait-il de draguer ouvertement la belle brune qui avait occupé ses pensées dernièrement ? Elle était franche certes, mais avait-il été trop frontal sur ce point-là ? Il espéra que ce n'était pas le cas, et que ce retour de bâton à sa propre blague la ferait rire. Il sembla que cela ne la dérangea pas puisque, sans plus de cérémonie, elle glissa son bras autour de celui du blond. Il ne broncha pas même si la situation le gênait.

En vérité il était heureux de retrouver ce contact dont il avait eu un avant-goût en installant son bracelet, mais il tentait de réprimer cette satisfaction inexplicable qui le prenait alors. Ce n'était rien que deux personnes qui discutaient, pourquoi était-il au fond de lui comme un adolescent à son premier rendez-vous ? Il ne tombait pas sous le charme d'une femme comme ça, d'un coup, à lui acheter des bijoux et se promener bras-dessus bras-dessous avec elle dans un parc au tombé du jour. Ce n'était pas son style. Alors pourquoi est-ce que tout ce que disait Mina le faisait sourire et lui donnait envie d'en entendre plus encore ? « Et si pour te remercier d'avoir... trouvé... mon bracelet je t'invitais à diner ? » Il sourit à nouveau. Ce rendez-vous improvisé lui échappait un peu plus à chaque seconde, et il est vrai que lui qui planifiait tout, pour une fois n'avait rien prévu de plus que de lui donner ce bracelet dans le parc. Peut-être par peur d'être déçu si elle ne venait pas... Quoi qu'il en fut, il décida que se laisser aller à la spontanéité, et se laisser porter par les imprévus de cette soirée ne pourrait que lui faire du bien. Quoi qu'il découle de ce temps avec la boule d'énergie qu'était Mina, il lui sembla que cela ne pouvait être que positif. « Je suis nouveau en ville je ne connais pas beaucoup de restaurants mais je suis ravi que tu me fasses découvrir les endroits où il est possible de prendre un repas sans finir intoxiqué ! » Dit-il alors avec une touche d'humour. Thésée avait toujours été le mec drôle de sa bande d'amis, il était temps de mettre son humour à profit pour dissiper sa gêne et se détendre. Rien de ce qui s'était passé depuis sa rencontre avec Mina avait été prévisible, alors autant se laisser aller à l'inconnu et voir pourquoi ces cheveux bruns et sa décontraction en tous temps l'intriguait autant.