La folie passagère - ft. Moïra

La folie passagère
ft. @Moïra Adhams

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

Brunhilde était, comme chaque fois qu'elle travaillait, tirée aux quatre épingles. Vêtue d'une tailleur gris clair et d'une chemise fluide noire, elle avait décidé de porter de hauts talons qui claquent lorsque vous entrez dans la pièce et qui font tourner les regards vers vous et attirent l'attention des gens. En tant qu'avocate, elle savait que plaider consistait d'abord en un regard, et qu'un avocat convaincant était aussi un avocat propre sur lui. Ses longues boucles blondes glissaient dans son dos et tombaient parfaitement en dessous de ses épaules.

Elle avait atteint le bureau du procureur, qui se trouvait à côté des locaux de la police. Les lieux étaient emplis de personnalités politiques et de responsables du droit dans la ville. Sachant très bien où elle mettait les pieds, l'hérétique grimpa les marches sans se presser mais d'un pas efficace. Elle venait de finir de traiter un dossier important, et avait tenu à déposer les papiers en main propre au procureur de la ville. Elle le savait, lorsque les sujets étaient délicats, passer par des coursiers pouvait vouloir dire perdre du temps, voire perdre les documents, ce qui pouvait tout faire basculer dans un procès où tout était minuté. C'est ainsi qu'elle fut introduite auprès de la procureur, Madame Adhams. Brunhilde n'était pas en ville depuis longtemps, mais les deux femmes avaient déjà eu le loisir de travailler ensemble, et Brunhilde connaissait Izobel, la sœur de Moïra, avec laquelle elle entretenait des relations plutôt positives. Mais la jeune femme savait que les sirènes étaient tout aussi dangereuses que puissantes, et elle comptait bien se mettre dans la poche une alliée de plus de ce côté-ci. C'était en se faisant de puissants alliés qu'elle pourrait mettre à profit son plan d'hégémonie des siphons parmi les sorciers.

Une petite assistante brune aux yeux verts lui ouvrit la porte et elle entra dans le bureau de la sirène. Cette dernière y était assise et avait cessé de travailler pour laisser entrer l'avocate, qui fit deux pas avant de dire : « Bonjour Madame le Procureur, je viens vous déposer les documents du dossier Peterson. » Elle avait dit cela avec un sourire professionnel. Le dossier Peterson était à propos d'un homme qui accusait sa femme de le battre tandis que c'était plutôt elle qui portait des marques de coups. Brunhilde défendait cet homme innocent, elle l'avait soutiré par hypnose. Mais comment expliquer le manque de traces alors que sa femme en était couverte ? Le dossier était sensible, et démêler cette affaire s'avérait plus compliqué que prévu. Les informations étaient difficiles à obtenir d'autant que tout ce que l'avocate apprenait sous l'hypnose n'était pas vraiment recevable. Mais Brunhilde n'était pas là que pour les papiers, elle voulait aussi sonder cette Moïra dont elle avait tant entendu parler.