Un éclair dans la nuit - ft. Sam

Katherine avait toujours aimé s'incruster dans des soirées. Elle aimait l'ambiance festive qui régnait entre les gens, les sourires, les tenues de soirées et les bijoux sortis pour l'occasion. Toute cette fausseté que les petits humains mettaient en oeuvre pour célébrer des futilités (comme les anniversaires), et prétendre s'aimer les uns les autres. C'était leur manière à eux de donner de l'importance aux choses, et ils engouffraient parfois des sommes astronomiques pour avoir ne serait-ce qu'une once de reconnaissance sociale, en organisant ces fêtes qui étaient l'escalade du luxe pour marquer des points dans le tableau social, et qui finissaient toujours par être de vulgaires souvenirs. C'était à qui aurait le meilleur magicien, le thème le plus original, l'événement le plus mémorable. A quoi bon... quand on savait que les gens étaient hypocrites et faux, et que ceux qui faisaient vos louanges vous poignardaient dès que vous avez le dos tourné. Katherine n'avait jamais aimé cette fausseté : elle avait la franchise et le courage de planter le couteau non dans le dos mais dans le coeur.

Ce soir, la demoiselle avait décidé, car c'était ce qui l'intéressait le plus dans les soirées, outre le fait de manger des petits-fours à l'oeil et de se gaver de champagne de grande qualité, de prendre son repas dans cette foule. Les soirées étaient des lieux privilégiés de banquet pour les vampires, et emprunter quelqu'un se faisait toujours facilement. La morsure se camouflait bien facilement par la suite, et une quelconque mort passait pour un accident. Le thème de la soirée était : noir et blanc. La vampire s'était donc habillée en conséquence. Le thème lui plaisait, et elle avait décidé de revêtir une longue robe noire, agrémentée de deux gros bracelets blancs pour encadrer ses délicats poignets. Comme à son habitude, elle arriva un poil en retard, le temps de donner à ses proies l'agréable sensation de profiter de la soirée. Elle savait qu'à la salle polyvalente de la ville elle n'avait pas besoin d'être invitée : c'était un espace public où elle avait mis les pieds depuis déjà bien longtemps.

La jeune femme laissa son regard de chasseur parcourir la salle : les cous délicats des demoiselles se laissaient facilement découvrir avec leurs robes aux décolletés plongeants, mais les cols fermés des hommes attiraient son regard qui cherchait le mystère. Se glissant parmi la foule, elle profitait de moments de danse pour humecter l'odeur alléchante des corps chauds qui l'entouraient. Faisant cela elle écoutait les pouls, cherchait parmi le tumulte de ces coeurs battant à l'unisson, celui plus rapide qui indiquait une tension sous-jacente, un stress mal dissimulé, un sentiment amoureux naissant, une peur quelconque... La peur tétanisait le sang, elle évitait donc ces gens-là. En revanche, l'amour donnait un côté sucré à ce délicieux met. Repérant la proie qui lui plaisait, Katherine s'approcha doucement, ses pieds glissant sur le parquet fraîchement ciré.

Elle s'apprêtait à défaire le col de sa proie, pour y déposer ses canines tandis que le monde autour d'eux dansait sur une musique douce, tous probablement déjà enivrés par l'alcool qui leur avait été offert, quand une odeur familière vint chatouiller ses narines. Fermant les yeux, Katherine laissa ses canines se rétracter et se concentra sur cette odeur : elle n'aurait su dire comment elle s'en souvenait ni d'où elle venait, mais cela suffit à la mettre sur ses gardes. S'éloignant prestement de l'endroit où elle se trouvait, la jeune femme alla se placer en retrait, dans un des angles morts de celui qui portait cette odeur et qui venait de rentrer dans la pièce. L'observant depuis l'ombre, Katherine laissa tous ses sens en éveil : cet homme était grand, musclé, sentait l'humain mais aussi une forme de menace émanait de lui, il avait tout sauf l'air de quelqu'un qui était venu ici pour s'amuser. Restant à bonne distance, et après s'être assurée qu'il était seul, ayant cherché de potentiels alliés en scannant la pièce du regard, la vampire lâcha d'une voix susurrante :


Katherine lui lança un sourire charmeur. Il était toujours bon de se mettre quelqu'un dans la poche, et puis, elle était Katherine Pierce : même si cet homme était là pour se battre il fallait le faire avec style et élégance.

La longue robe noire de Katherine épousait parfaitement ses formes, et elle laissait ses bracelets tournoyer autour de ses poignets pour s'entrechoquer doucement. Elle aimait être belle, désirable, et que les yeux des hommes la dévorent d'envie, d'un désir auquel elle ne répondrait jamais, ou sinon par un simple baiser ensanglanté déposé au creux de leur cou. Pas vraiment ce qu'ils recherchaient... Elle se tenait à quelques pas de l'inconnu familier avec lequel elle avait engagé la conversation, et sa tenue vestimentaire se fondait parfaitement avec l'ambiance bicolore de la soirée.

Lorsqu'il lui répond, elle se concentre sur le timbre de sa voix plus que sur ses paroles. Si son odeur lui semble reconnaissable, sa voix, elle, ne lui évoque rien. Katherine n'est pas du genre à se souvenir des gens, mais cette odeur, celle d'un humain, vient chatouiller à nouveau ses narines alors qu'elle inspire profondément. Comment savoir d'où lui vient ce pressentiment ? Et pourquoi sa mémoire olfactive lui fait elle défaut à ce point là ? Attrapant à la volée deux coupes de champagne, son interlocuteur lui en tendit une sans sourciller, et elle s'en saisit avec élégance.


Lui répondit alors la jeune femme, sa coupe à la main et un sourire ravageur sur le visage. Prenant une gorgée du champagne, qu'elle trouva médiocre, Katherine décida qu'il fallait jouer la carte de la pauvre demoiselle esseulée, et que cela lui servirait de pathos pour s'attirer les bonnes amitiés de cet homme dont elle ne connaissait toujours rien, sinon sa nature humaine qui transpirait par tous les pores de sa peau. Elle l'avait observé dans l'ombre, et sa musculature imposante impliquait qu'il faisait attention à son corps, et qu'il était du genre sportif. Comme le sport était à la mode à cette époque, elle n'aurait su dire si c'était par pur esthétisme ou s'il avait une quelconque raison à cette forme olympique.


Ajouta la jeune femme en parcourant d'un geste théâtral de la main, l'assemblée des convives qui vaquaient à leurs discussions par petits groupes tandis que certains avaient décidé d'envahir la piste de danse et se déhanchaient par des comportements bien moins distingués que le voulait la soirée. Elle laissa s'échapper un petit rire ravi à la fin de sa phrase, décidant que flirter avec l'homme lui permettrait d'abaisser sa garde pour en découvrir plus sur lui facilement. Elle gardait en tête ce sentiment de déjà vu qui ne la quittait pas.


Lui sourit-elle avec le plus bel aplomb et de la voix la plus mielleuse qu'elle pouvait trouver, cherchant à copier les mimiques insupportables de la pâle copie de sa personne qu'était Elena Gilbert. La vampire savait se faire passer pour son double comme personne, et tout le monde s'y trompait, alors un inconnu qui ne connaissait même pas l'humaine... c'était du gâteau.