Yes it's me, I'm here + Bonnie

Parfois, la solitude de Bonnie était vraiment envahissante. Tellement qu'elle se sentait étouffée, surtout dans un lieu aussi vivant et peuplé que l'institut Saltzman. Elle avait bien essayé de trouver Caroline, mais la veille, elles avaient eu des emplois du temps complètement inversés, l'une étant en cours lorsque l'autre avait un moment de libre, si bien que ce matin-là, au petit-déjeuner, la sorcière Bennett était complètement morose. Elle s'était surprise à chercher Lorenzo St John (qui n'était pas présent) et avait fini tout son repas en se fustigeant de ce désir encensé. Il fallait qu'elle arrête de compter sur lui pour être son sauveur en toute situation. Il avait bien d'autres choses à faire que de s'occuper de la pauvre petite Bonnie Bennett.

Elena lui manquait. Depuis qu'elle avait été capturée par Klaus, tout était complètement sans dessus dessous. Caroline, Elena et elle avaient définitivement quitté l'adolescence pour le monde brutal des adultes baignés dans le monde surnaturel, Caroline était devenue maman à plein temps (même si ses filles étaient adultes), Damon passait tout son temps avec Hale et ses sbires, Stefan était... elle ne savait même pas vraiment ce qu'il s'était mis en tête de faire des derniers temps. Et Elena... Elle n'avait que des nouvelles discordantes à propos de sa meilleure amie d'enfance. L'amnésie de celle-ci l'avait rendue réticente à partager avec eux sa liberté retrouvée et Bonnie ne savait même pas comment s'y prendre pour ne serait-ce que lui parler à nouveau. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Elle avait, encore une fois, l'impression que toutes les choses importantes se déroulaient sans elle et le fait que Hale soit impliqué dans la plupart des choses qui concernaient ses amis y était probablement pour quelque chose. Elle n'avait aucune confiance en lui et il parvenait à mettre tout le monde dans sa poche. Et plus ses amis se rapprochaient de Hale, plus ils s'éloignaient d'elle.

Incapable de se concentrer sur ses cours, Bonnie décida qu'il fallait faire de cette énergie négative quelque chose de concret. Elle enfila donc une tenue de sport, inséra les écouteurs de son Ipod dans ses oreilles, fixa le boîtier à son legging une fois la musique sélectionnée et quitta l'école. Il lui fallut plusieurs minutes de transport en commun pour atteindre Louis Armstrong Park. Ce n'était pas son lieu préféré pour courir, mais il avait le mérite d'être collé au Vieux Carré, ce qui en faisait l'endroit idéal pour terminer sa séance par un thé glacé dans son shop préféré de la ville qui n'était qu'à un petit quart d'heure à pied.

Conformément à ses plans, la sorcière fit donc le tour du parc au pas de course pendant près de trois-quarts d'heure, la musique dans ses oreilles et la brûlure dans ses muscles ayant un effet cathartique sur son moral. Puis elle quitta le parc et se dirigea, la musique toujours dans ses oreilles comme compagnie, en direction du célèbre quartier français. Elle allait arriver aux abords du petit commerçant qui proposait sa précieuse boisson, quand, retirant les écouteurs de ses oreilles, elle tourna la tête en direction vers la librairie qui savait si bien décorer sa vitrine. Mais ce n'est pas la grande pyramide du dernier roman best seller qui attira son attention, mais la silhouette bien trop familière de la femme, brune, qui regardait à travers la vitre.

Elena ? Non, ça ne pouvait être. Elena avait disparu depuis qu'elle avait été délivrée de Klaus... Du moins Bonnie n'avait jamais réussi à la retrouver, et si quelqu'un l'avait fait, il n'avait pas jugé bon de l'en informer... Alors, non. Elena lui manquait et elle la voyait partout, c'est tout. Pourtant, lorsque la jeune femme se retourna brusquement, Bonnie réalisa que c'était bien Elena. La jeune Bennett se figea, n'osant plus bouger de peur que la vision improbable s'évapore. Et si Elena ne la reconnaissait pas ? Le fait qu'elle tende la main vers Bonnie et que ses yeux s'emplissent de larmes semblait aller contre cette crainte, mais Bonnie ne pouvait se retenir de se le demander. Alors, prudemment, elle traversa la route pour rejoindre l'autre trottoir. « Elena ? », murmura Bonnie, ayant presque peur de faire un geste trop brusque, ou de parler trop fort, et que la vision de sa meilleure amie disparaisse.