You're gonna catch a cold from the ice inside your soul - ft. Elijah

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul
ft. Elijah Mikaelson

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

Le soleil poursuivait sa course inlassable, et le zénith était depuis bien longtemps passé dans le ciel, laissant à l'astre lumineux le soin de redescendre mourir aux confins de la terre sous les yeux de ceux qui y vivaient. Un autre jour allait passer, chacun allait vieillir, ou presque. Le soir venait et avec lui les mystérieuses créatures qui peuplaient les ombres. Katherine faisait partie de ces gens-là, ceux qui sont des cauchemars vivants et font de la nuit le domaine de leur terreur. Mais ce soir-là elle avait autre chose en tête. Avec les moyens dont elle disposait, outre son hypnose vampirique plus qu'utile, Katherine avait réservé la galerie d'art qui se trouvait au nord de la ville. Une exposition d'art sur les peintres italiens du XVIIIème s'y déroulait, et elle avait décidé de privatiser l'endroit pour le rendez-vous le plus important qu'elle avait eu depuis des mois. La brune avait en effet donné rendez-vous à Elijah Mikaelson en personne, en ces lieux, pour une discussion qu'elle espérait salvatrice, mais qui s'annoncerait plus corsée que ce qu'elle aurait pu un jour imaginer. Si elle ne savait pas que l'Originel lui en voulait pour la mort de Jeremy, elle l'apprendrait tôt ou tard, et peut-être que le choix du lieu de leur rencontre pouvait jouer en sa faveur. Katherine connaissait Elijah, son goût pour l'esthétisme, son amour pour la beauté : il était amateur d'art. Pas de cet art contemporain incompréhensible qu'on vous propose dans les grands musées, plutôt de cet art pur, ancien, dépeignant un réel qui n'était plus mais qui lui rappelait plus de souvenirs qu'on ne pourrait l'imaginer. Alors lorsqu'elle avait entendu parler de cette galerie, elle avait sauté sur l'occasion. Quoi de mieux pour mettre son ami, si on pouvait l'appeler ainsi, de bonne humeur que de le flatter par une visite de ce qu'il apprécie. Entouré de tant de beauté, il ne pourrait être que d'une plus agréable compagnie.

Elijah était le seul membre de la famille Mikaelson qui avait eu une réelle relation avec Katherine, et qui l'avait regardé pour autre chose qu'une vulgaire poche de sang. Digne, honorable, preux chevalier, distingué, voici les qualités qui distinguaient Elijah des autres membres de sa famille aux yeux de Katherine. Elle avait pour lui bien plus d'estime que pour quiconque, excepté elle-même bien sûr, et l'avis qu'il avait d'elle était l'un des rares à compter. Aussi voulait-elle rester dans les bonnes grâces du seul Mikaelson qui ne voulait pas sa mort à tous prix. D'ailleurs, ce n'était pas anodin si Katherine avait demandé à rencontrer Elijah : cela faisait évidemment partie de l'un de ses nombreux plan pour se débarrasser de la menace que Klaus avait fait planner sur sa tête depuis leur rencontre il y a déjà plus d'un demi millénaire. Les plans menant à sa liberté avaient été nombreux : suicide, fuite, plans en tous genres pour tuer Klaus... Tout avait pour l'instant échoué et n'avait été que sursis, lui donnant une vie compliqué et l'ayant menée à être qui elle était devenue. De jeune Bulgare aux ambitions démesurées et au grain de folie, elle était devenue une vampire manipulatrice et prête à tout pour se protéger. C'était cinq cent ans de fuite qui avait fait de Katherine Pierce le grand méchant qu'elle était devenu.

Sacrifiant toute relation quelle qu'elle puisse être, pour sa propre personne, elle en était venu à un état de solitude profond. Mais avec la Nouvelle-Orléans, cette ville qu'elle dirigeait aux côtés de Peter, tout changeait. La perspective de fuir n'était plus une option, elle voulait continuer à gouverner, et la proximité avec les Mikaelson rendait la chose impossible. Il fallait donc une bonne fois pour toute mettre fin à cette épée de Damoclès. Tuer Klaus n'était plus vraiment une option, ou alors pas la plus simple : il fallait non seulement trouver un moyen de rendre possible l'impossible sans que le revers de la médaille ne la tue par la même occasion, et donc trouver un moyen de briser le lien entre un Originel et sa lignée... Beaucoup de choses compliquées et d'autant plus de chances de mourir avant d'avoir atteint ne serait-ce que le premier objectif. Surtout que les sorcières prête à aider Katherine contre Klaus se faisaient de plus en plus rare. La vampire déambulait dans la galerie vide, caressant du bout des doigts les cadres dorés, les yeux rivés sur ces peintures qui avaient finalement quelque chose d'apaisant. Elle avait donc un autre plan en tête. Et ce plan concernait...« Elijah », dit la vampire en pivotant lentement du tableau qu'elle était en train d'admirer. Absorbé par ses pensées et les couleurs de la peinture, elle n'avait pas entendu le vampire entrer. Campée sur ses bottines à talon noir, ses boucles brunes tombant sur son plus beau perfecto, elle lui offrit un sourire sincère :« Je suis ravie que tu aies accepté de me retrouver. » En vérité, elle aurait voulu dire : je savais que tu viendrais, mais elle aurait menti. Posant ses yeux noisettes dans ceux de l'élégant vampire, elle se retint de s'approcher de lui : ils ne s'étaient pas vus depuis qu'elle l'avait trahi et qu'il lui avait fait comprendre que ce qu'ils avaient n'étaient plus. Instinctivement, elle porta sa main à sa bouche et caressa délicatement sa lèvre : pensive. Bien rapidement la réalité la rattrapa, et elle reposa son bras le long du corps, espérant que son geste était passé inaperçu.

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul

Katherine & Elijah

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul
ft. Elijah Mikaelson

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

Les yeux posés sur les teintes violettes et rosées des plus beaux tableaux de l'art italien, Katherine laissait couler ses pensées comme coule la peinture fraîche sur une toile vierge. La voix chaude mais sèche d'Elijah fit retentir son prénom de naissance dans la pièce. Un prénom bien plus chantant que la version anglaise pour laquelle elle avait très vite opté, cherchant par là-même à fuir non seulement ses détracteurs mais aussi cette vie passée auprès de sa famille. Être Bulgare ne lui avait apportée que du malheur, et pourtant ce prénom annonciateur de mort résonnait délicieusement à ses oreilles lorsqu'il était prononcé par cet homme. Le silence qui s'ensuivit sembla éternel à la vampire. Et puis vint cette phrase. Fatidique, sentencieuse, irrévocable, témoin que tout ce qui les liait était brisé pour de bon. « Que veux-tu cette fois Katerina ? Aurais-tu une autre babiole à m'offrir pour que je demande à Klaus... quoi au juste ? De te laisser la vie sauve cette fois aussi ? »  Le ton était calme mais sans appel et Katherine sentit son coeur se serrer : ses ultimes manipulations lui avaient elles réellement coûté l'affection d'une des rares personnes qu'elle estimait ? Si la plupart des hommes s'avéraient des jouets faciles, lui ne semblait plus dupe des manigances de la brune. Elle écouta ce qui sembla être une pointe de lassitude dans la voix de l'Originel. Et pourtant il avait raison, une fois de plus elle venait le retrouver pour lui demander de l'aide, et quelque chose au fond d'elle lui indiqua qu'il refuserait très clairement. Le temps d'un instant elle se sentit comme un enfant gâté qu'on réprimande de trop demander de cadeaux. Or le seul cadeau qu'elle demandait était le plus précieux de tous peut-être : celui de la liberté. Cette liberté volée par la famille de l'homme qui se tenait en face d'elle depuis un demi millénaire, cette liberté de vivre en paix, de s'installer quelque part pour construire une vie, d'être pleinement elle.

Les paroles du vampire étaient dures. Comment, avec le caractère de preux chevalier qu'elle lui connaissait, ne pouvait-il pas plaider encore en sa faveur pour qu'on l'épargne ? Lui qui avait toujours cherché à réparer les torts de son frère, il avait perdu la bataille sur le sujet de Katherine, et il le perdait encore et encore temps qu'elle ne serait pas libre. Cette vendetta n'avait pas de sens, n'en avait plus... Klaus avait obtenu tout ce qu'il souhaitait : un double Petrova, des hybrides, une enfant même ! Alors pourquoi rester bloqué sur cette ancienne Petrova dont le sang ne lui était désormais pas plus utile que celui d'un vampire de bas étage ? Il fallait tourner la page mais Klaus était bien trop vengeur pour cela. Et si Elijah ne lui faisait pas changer d'avis, personne ne le ferait. « Ou alors sens tu le vends tourner et cherches-tu ma protection ? » Les yeux plongés dans ceux d'Elijah, la vampire distinguait également dans son champ de vision la sculpture blanche de méduse à ses côtés. Elle était un peu comme cette femme finalement, maudite malgré elle et qui faisait le mal pour survivre. A la différence près que Méduse ne pouvait plus user de son charme, ses cheveux de gorgone défigurant sa beauté, tandis que Katherine en usait et abusait. Une nouvelle fois le vampire touchait un point sensible : c'était bien une forme de protection qu'elle recherchait de lui. Une fois qu'il eut fini de parler, son regard toujours porté sur lui, Katherine, la vraie Katherine, celle qu'il avait connu humaine lui répondit, d'une voix simple et dénuée de tout mensonge : « Je ne sais plus quoi faire Elijah. » Et c'était vrai. En entendant les paroles du vampire, elle avait compris qu'il refuserait tout ce qu'elle aurait à lui proposer. Tout le plan qu'elle avait concocté ne lui servirait à rien si Elijah n'était pas de son côté. Elle l'avait trahi et il ne le digérait pas... Connaissant son intégrité et son sens de l'honneur elle pouvait le comprendre. Mais alors pourquoi était-il venu ? Y-avait-t-il en lui quelque chose qui subsistait ? Une volonté de croire qu'elle pouvait vouloir le bien de façon désintéressée ? Qu'elle lui apporterait quelque chose de nouveau, de vrai, de sincère ? Le ton qu'elle avait employé l'avait elle-même étonné de sincérité, et elle ressentit au fond d'elle la jeune Bulgare frivole, emplie d'humanité, qu'elle avait un jour été.

Resté à une distance respectable de lui, elle aurait voulu s'approcher un peu plus, pour lui parler de coeur à coeur et voir dans ses yeux et les traits fins de son visage, ce qu'il pensait. Mais il aurait pris ça pour une énième manipulation, un coup tordu et calculé, alors qu'en réalité, elle se voyait perdre complètement les pédales. La conversation ne prenait pas le tournant qu'elle avait envisagé, qu'elle avait méticuleusement préparé, qu'elle avait répété. « Je suis fatiguée de tout cela. Je veux seulement que Klaus me laisse tranquille. Qu'on se laisse tranquille. » Elle aurait voulu dire « qu'il nous laisse tranquille », mais il n'y avait pas de nous, il n'y avait plus de nous. Dans sa vie il n'y avait plus qu'elle, elle et ses ambitions : plus de fille, plus de famille, plus d'amour, plus que cette immense solitude à laquelle elle s'était habituée bien malgré elle. Voyant que la conversation lui échappait, Katherine décida, pour une fois, de laisser transparaître sa sincérité. Peut-être alors, accepterait-il une ultime fois de l'aider. Car même si elle disait la vérité, Katherine ne perdait pas de vue ses idéaux et son objectif.

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul

Katherine & Elijah

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul
ft. Elijah Mikaelson

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

La pièce était inhabituellement vide, et les paroles des deux vampires allaient s'écraser contre les murs, résonner contre les parois, mourir sur les tableaux. Dans cet espace gigantesque, conçu pour accueillir des foules et contenir les paroles de tant de gens, deux voix qui se répondent étaient encore presque un silence, à peine un murmure pour les oeuvres suspendues, témoins impassibles de cet échange où chaque mot devait être pesé avant d'être prononcé. Le nom de Peter fut lâché, sur un ton distant, comme si ce loup-garou était d'une insignifiance totale aux yeux du Mikaelson, alors que ce dernier avait repris la ville aux Originels, et qu'il la dirigeait. Katherine émit un petit sourire, presque un ricanement à l'évocation de son allié. Elle n'avait pas rejoint les rangs de Peter, elle ne lui était pas asservie, elle était son allié, d'égal à égal, et elle prévoyait bien de le doubler. Pour l'instant elle s'assurait des agréments que lui procurait cette place. Elle régnait en maître sur la plupart des gens, qui la voyaient alliée de Peter ou la craignaient plus encore que lui, et elle s'assurait qu'ils la craignent pour elle et non pour lui. « Ou cherches-tu à me faire croire qu'il s'agit là d'une autre erreur que tu aurais commise dans le feu de l'action ? Pire encore que tu te serais laissé convaincre par les beaux yeux de Damon ? » A la mention de Damon, Katherine arqua un sourcil et plissa les yeux en direction d'Elijah. La présence du vampire auprès de Peter n'avait en aucun cas participé aux mouvements calculés et aux alliances stratégiques de la Bulgare. Il était simplement une compensation, un bonus peut-être, dans cette alliance. Bien qu'en réalité Damon repoussait constamment Katherine de peur de se laisser à nouveau manipuler par elle. Mais pourquoi Elijah l'évoquait-il, alors qu'il n'était rien pour Katherine, il le savait. Avait-il un motif quelconque de grief contre l'aîné des Salvatore pour penser à lui au milieu de cette conversation. Faisant un pas en avant vers l'Originel, Katherine répondit à ses accusations : « Damon, sérieusement ? C'est à peine un bonus dans la partie. C'est vrai qu'il a de beaux yeux, mais rassure-toi, ce ne sont pas les siens qui m'intéressent. » Elle soutint le regard de l'homme qui lui faisait face, encore à quelques mètres d'elle. Damon n'était rien pour Katherine, elle avait d'autres projets que celui de l'homme qui l'avait adorée au-delà de tout.

Les intentions d'Elijah étaient claires. Il ne voulait pas l'aider. Mais alors pourquoi avoir fait le déplacement ? Pourquoi était-il prêt à discuter avec elle si tout ce qu'il souhaitait était la noyer sous les reproches et les réprimandes ? « M'allier à Peter n'est pas un méfait, c'est une protection stratégique. Je m'assure d'être dans un camp que Klaus n'attaquera pas sur un coup de tête, une force contre laquelle il n'est pas certain de gagner. Je protège ma vie. C'est tout. Et je n'ai pas à m'en excuser. » Comment pouvait-il lui reprocher de faire des alliances ? Que croyait-il ? Que la Bulgare allait simplement vivre une vie paisible sans demander son reste à personne ? Klaus ne la laisserait jamais faire cela. Et l'Originel semblait oublier que tout le monde n'était pas aussi immortel que lui. Certes Peter n'était pas la brebis la plus douce du troupeau, mais Katherine n'était pas responsable des actes de cet homme. Et de ce qu'elle avait appris sur son passé, Peter avait fait bien pire, et l'homme qu'il était aujourd'hui était un agneau comparé aux atrocités qu'il avait commises par le passé. Mais elle ne jugeait pas les actes, jamais. Et Elijah était le mieux placé pour savoir qu'il ne fallait pas fonctionner ainsi.

La brune vit un voile de lassitude passer dans les yeux de son interlocuteur. Elle n'était donc pas la seule fatiguée par cette guerre entre elle et son créateur. Katherine avait joué son ultime carte. Si Elijah lui donnait ce qu'elle voulait, elle quitterait les rangs de Peter. Pour tenir sa parole. Enfin, probablement... si les choses n'avaient pas déjà bougé d'ici là. Elle était-là, à se faire rabrouer, et pour l'instant, elle n'avait encore rien demandé à l'honorable Elijah. « Tant de fois j'ai voulu te croire, tant de fois j'ai pris ta défense auprès de mon frère en risquant ma propre vie et tout ça pour quoi ? Pour que tu ne cherches qu'à me manipuler et que tu tues des innocents comme si c'était sans la moindre conséquence. » Le ressentiment de l'Originel la fit frissonner. Il ne lui avait donc toujours pas la mort de Jeremy Gilbert. Oui elle avait joué et gagné à ce jeu-là, avec la vie de quelqu'un d'autre. Mais Bonnie avait rattrapé la situation et le Petit Gilbert était toujours en vie. Alors pourquoi maintenir une telle rancœur envers elle. La Petrova regarda Elijah et cru voir dans ce reproche une forme de douleur. Elle avait trahi sa confiance et elle le savait, mais tout n'avait pas été que manipulation et il le savait. La brune était revenue vers lui, elle lui avait donné le remède, son remède, sa seule monnaie d'échange, sa liberté. « Je t'ai tout donné Elijah, tout ce qui pouvait me sauver, pour te prouver qui j'étais. Et cela ne t'a pas suffit. Que te faut-il de plus que l'honnêteté de mon coeur ? » Elle avait été honnête avec lui, elle avait tout abandonné, pour regagner sa confiance. Sa couverture s'était craquelée comme le sont les peintures qui les entouraient, elle avait avoué que ses sentiments pour lui étaient vrais, elle lui avait offert le remède sans condition. Elle lui avait proposé de partir avec elle, loin des violences de sa famille. Il avait refusé. Et voilà où toute cette honnêteté l'avait menée. A se faire reprocher une nouvelle fois les morts qu'elle avait provoquée. Elle ne regardait pas dans le passé d'Elijah, alors pourquoi le faisait-il encore et encore ? Que fallait-il qu'elle fasse pour qu'il lui pardonne cette fois-ci... Qu'elle trahisse Peter ? « Je serai ravie de me défaire de cette alliance. Tu veux que je quitte le camp de Peter pour te prouver que j'ai changé ? Je le ferai. Mais pas sans l'assurance d'une protection. Et je sais que tu ne me l'accorderas pas. » La voix de Katherine était sèche, tranchante. Que voulait-il entendre. Qu'elle rêvait d'un monde meilleur où elle aurait continué une vie tranquille ? Qu'elle puisse vivre dans un petit pavillon de banlieue sans les soucis du monde sur ses épaules ? Ce n'était pas elle. Elle aimait le pouvoir, la crainte, la reconnaissance, être au sommet de la pyramide. Elle aimait le pouvoir certes, mais la sécurité avant tout. Et si elle pouvait obtenir ce qu'elle recherchait à avoir, elle n'aurait plus besoin de se cacher de Klaus. Mieux que tout, il la protégerait.

La vampire voyait qu'Elijah la jugeait sur des valeurs choisies en oubliant l'épée de Damoclès qui planait au-dessus d'elle. Depuis des siècles elle avait fui, manipulé, tué, tout fait pour sa survie. Et elle en était arrivée à son plan le plus abouti, et il fallait qu'il fonctionne. Mais il ne pouvait pas fonctionner sans l'aide d'un Mikaelson. Et présentement celui qu'elle avait en face d'elle voulait qu'elle abandonne tout ce qu'elle s'était bâti comme protection et ce sans condition. Et pour quoi ? Pour ses beaux yeux à lui ? Jamais. Cela ne suffisait pas. « Penses-tu vraiment qu'après une énième tentative je peux encore avoir la moindre confiance en tes paroles ? Ce que mon frère t'a fait est impardonnable. Mais ce que tu as fait par la suite, au nom de ta survie qui te sert plus d'excuses pour le moindre de tes méfaits est ta responsabilité. » Katherine se tenait debout au milieu de la pièce vide et pourtant elle avait l'impression d'étouffer. Il avait fermé son coeur et sa raison à la Bulgare. Tout ce qu'elle pourrait trouver à dire ou à faire n'était plus suffisant pour qu'Elijah la croit. Alors c'était ainsi, elle était allée trop loin dans le mensonge et les tromperies pour qu'il revienne. Lui qui croyait toujours possible la rédemption de son frère avait baissé les bras pour celle de la jeune femme. Katherine était désormais aux yeux d'Elijah, pire que Klaus... Elle le comprit par ces mots, et de toutes les éventualités elle n'avait jamais envisagée celle-ci. Son ami Aël, une sirène millénaire qui lisait dans les pensées et dans les âmes, avait vu la lumière chez Katherine, mais Elijah n'en semblait pas capable. « Tu croiras ce que tu voudras Elijah. Mais les faits sont là. J'ai tout fait pour que tu me pardonnes. Si tu ne le veux pas ce n'est plus de mon ressort. » Le regard ancré sur les réactions du vampire, elle réalisait qu'ils étaient peut-être bien plus éloignés que ce qu'elle pensait. Il avait érigé entre eux un mur, en si peu de temps que cela lui paraissait à peine possible, et elle aurait beau essayer de le gravir il le faisait toujours plus haut. Fallait-il qu'elle le défonce pour retrouver ne serait-ce que l'ombre d'un ami ?

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul

Katherine & Elijah

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul
ft. Elijah Mikaelson

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

Etrangement, la beauté des œuvres présentes dans la pièce apaisait Katherine. Elle qui n'était pas du genre à s'intéresser à de futiles objets ressentait une sorte de calme qui se dégageait de ces peintures colorées que tant d'hommes et de femmes avaient regardé. C'était comme si leurs yeux, leur regard, avait donné une forme d'existence à ces objets. Un calme froid, figé, comme l'étaient ces statues de marbre et qui lui rappelaient tant sa propre personne. Au fond d'elle, la vampire était incapable de bouger. Elle avait beau aller librement, elle tournait autour de la même vie, de la même rengaine, depuis trop de temps. Il lui fallait plus de liberté, moins d'entraves, plus de pouvoir. « Pour le bien de cette conversation, ni les miens je l'espère. » Était-ce une menace ? En d'autres circonstances, Katherine aurait pu l'apprécier. En réalité, elle balaya l'air de la main comme pour chasser un insecte importun. Tout ce qu'elle faisait, elle le faisait pour ses beaux yeux à elle. Personne d'autre ne comptait. Bien sûr les hommes comme Elijah étaient autant de petites satisfactions dans sa vie, mais il ne fallait pas que l'Originel ne s'accorde plus d'importance qu'elle ne lui en portait vraiment. Elle s'était plu avec lui, elle pourrait le dire sans trop de difficultés. Après tout, quelle femme ne se satisferait pas d'Elijah ? La Bulgare appréciait l'Originel pour des qualités rares qui lui étaient propres, et au fond, elle le considérait comme une personne importante pour elle. Mais à la fin de la journée, ce qui comptait pour Katherine, c'était son propre sort.

La vampire sentait que son interlocuteur était irrité. La voix d'Elijah toujours si posée résonnait amèrement à ses oreilles. Ce n'était pas son ton qui changeait, mais la sévérité de ses mots qui étaient à chaque phrase un peu plus cinglants. « Une protection stratégique ? C'est comme ça que tu nommes cet acte de guerre fait à mon frère. En arrivant à la Nouvelle Orléans tu étais le cadet de ses soucis. Maintenant tu es dans sa ligne de mire comme tes alliés du moment. Quand tu recherches la tranquillité tu ne rejoins pas une armée destinée à massacrer l'autre. Ce n'est pas comme ça que ça marche. » Katherine haussa un sourcil et croisa les bras sur son torse. Elle n'avait proféré aucun acte de guerre. D'ailleurs, jusqu'ici, elle n'avait rien fait du tout à part placer quelques pions de confiance à des lieux stratégiques, et jouer avec Stefan, son nouveau passe-temps favori. Elle émit un petit rire sarcastique lorsqu'il évoqua le fait que Klaus ne lui aurait fait aucun mal, et qu'elle avait installé elle-même une cible dans son dos. Elijah était-il naïf à ce point qu'il ne voyait pas les sempiternels défauts de son frère ? Klaus aimait la vengeance, et il ne savait pas s'arrêter. A en croire les dires du brun, ils auraient pu cohabiter en paix dans cet endroit. Impossible. « Tu sais bien que Klaus ne me laisserait jamais m'installer dans cette ville. Il cherche à m'éliminer depuis 500 ans et il me laisserait vivre ici ? Ton frère est moins magnanime que tu le laisses croire Elijah. » La loyauté sans faille d'Elijah envers Klaus écœura Katherine. Il lui pardonnait sans cesse ses déboires toujours grandissants, et se montrait à l'inverse de plus en plus intransigeants envers Katherine. Même lorsque cette dernière n'avait rien à se reprocher, il l'assommait de reproches comme si elle lui avait pris la vie. « Je n'attends pas d'excuse. J'espérais un changement qui ne viendra jamais. C'est de ma faute pour avoir gardé espoir. » La Bulgare ne savait pas ce que l'homme attendait d'elle. Changer du tout au tout ? Redevenir l'humaine émerveillée par la vie qu'elle était avant de les rencontrer ? Elle ne pouvait pas faire cela. Cette jeune enfant insouciante était morte, et son cœur avait été sali par l'arrivée des Mikaelson dans sa vie. Elle avait bien gardé une chose de sa vie d'avant : l'idée que sa vie était précieuse et qu'elle méritait de la vivre par dessus tout. Elijah avait beau lui passer de grandes leçons, ses discours ne valaient rien face aux actes monstrueux que tous avaient commis. Certes Katherine n'était pas en reste de manipulations et de mensonges, mais elle avait moins tué que les Mikaelson, et eux se lavaient les mains de leurs atrocités comme si ce n'était rien. « Je t'ai proposé de partir, de tourner le dos à ma vie d'avant. Tu es resté. Je t'ai offert un changement dont tu n'as pas voulu. » Sa dernière phrase resta en suspend dans son esprit. Partir avec Elijah... quelle étrange vie aurait-elle mené alors ? Une vie où quelqu'un se soucie de vous, constamment, était-ce vraiment pour elle ? Où aurait-elle rapidement étouffé ? Elle ne le saurait jamais. Ce qu'elle connaissait c'était la prévenance dont Elijah avait toujours fait preuve à son égard, et qui n'était plus. Et elle la regrettait, sincèrement.

Il regardait ailleurs, admirait les statues, se déplaçait dans la pièce. Son âme d'esthète reprenant le dessus, signe que s'il était agacé par Katherine, il était suffisamment en confiance pour ne pas être sur ses gardes avec elle. D'une voix détachée, trop détachée, il remit en question son honnêteté. « A quel moment ? Tout n'était qu'une tentative pour que plaide en ton nom ta liberté auprès de mon frère. C'est trop peu, trop tard Katerina. Pour ce qui est du remède. Tu n'as faits ça qu'une fois la vérité dévoilée. Quant à l'honnêteté de ton cœur, j'ignorais que tu connaissais ce mot. De plus j'ai trouvé quelqu'un en qui j'ai confiance. C'était tout ce dont j'avais besoin. Ne t'avise pas de venir tout détruire. » L'abondance d'informations arriva jusqu'à la vampire en un coup de vent, et elle comprit beaucoup de choses : cela n'avait servi à rien de sacrifier le remède, d'avouer, puisqu'on la croyait toujours coupable d'une énième manipulation, il était donc inutile d'essayer se racheter, puisque peu importe ce qu'elle faisait, elle ne serait jamais pardonnée. Mais surtout, et l'information la frappa comme une balle, Elijah aimait à nouveau. Et il aimait une autre femme. La vampire se sentit bête : comment avait-elle pu rater cette information ? Elle d'habitude si attachée à tout connaître de ses ennemis, elle avait baissé sa garde avec Elijah, croyait le connaître trop bien... Elle avait eu tort. La Bulgare regarda toute leur rencontre sous un nouvel oeil. Evidemment qu'il était froid, distant, qu'il ne voulait plus lui offrir sa protection : Elijah, le vampire malade des Petrova, qui tombait sous le charme de chacune d'elle, prenait un médicament. Un petit sourire étira les lèvres de Katherine. Incapable d'avoir Tatia qui lui avait préféré son frère, effrayé de tenter Katherine qui avait trop joué, trop paternel pour Elena, le vampire millénaire avait jeté son dévolu sur le commun des mortels. Il avait perdu la partie. Quelle déception. « Je suis blessée que tu penses que je voudrais casser tes jouets. » La Petrova ne voyait pas ce qu'elle gagnerait à intervenir dans ce type de situation. A vrai dire, cela ne l'intéressait pas plus que cela. Qui que ce fut, c'était ainsi que Katherine la voyait, comme un jouet dont Elijah finirait par se lasser, et alors il retournerait se languir de Tatia, se sentir délaissé, et retrouverait la solitude qui le caractérisait tant. Car si Klaus avait tout, Elijah était sans cesse celui qui se sacrifiait pour son bonheur, et cette parenthèse amoureuse ne serait rien de plus qu'un temps de répit avant qu'il ne retourne, pour quelque raison que ce soit, auprès de son frère.

La Petrova passa son regard d'Elijah aux statues qui l'entourait, et se retrouva à déambuler dans les lieux non loin de lui. Il lui sembla que son cœur s'était durci, et elle espéra silencieusement ne pas avoir participé à le rendre aussi glacial. « Le pardon ne se quémande pas. Il ne s'obtient pas via des mensonges et des manipulations. Ne retourne pas la situation, entre nous tu n'es pas la victime et je ne suis pas ton bourreau. » Katherine se retint de lever les yeux au ciel. Parce qu'il était une victime peut-être ? L'Originel n'avait rien d'une âme innocente qui se serait faite manipuler malgré elle. S'il était chevaleresque et élégant, il n'en cachait pas une intransigeance et un sens de la moral qui n'allaient que dans un sens. Et elle en avait marre de se faire rabrouer comme une enfant par un homme qui n'était pas plus un saint qu'elle. La vampire s'arrêta face à une peinture dont les couleurs lui rappelaient sa Bulgarie natale. « Si croire que tout n'était que manipulation t'aide à dormir la nuit, vas-y Elijah, fais de moi la grande méchante de ton histoire. Mais n'oublie pas que dans tout cela, j'ai perdu bien plus que toi. » Elle passa son doigt sur le cadre doré du tableau. Sa vie était entrelacée avec celle des Mikaelson depuis plus d'un demi millénaire, et les liens qui les unissaient étaient bien complexes. Que serait-il advenu d'elle s'ils ne l'avaient pas abordée ? Elle avait perdu sa fille, elle avait perdu la vie, elle avait perdu les frère Salvatore, puis elle avait perdu Elijah. Son cœur lui avait fermé tout sentiment, il était trop loin pour l'atteindre. Que lui restait-il si ce n'est elle-même ?

You're gonna catch a cold from the ice inside your soul

Katherine & Elijah