une envie folle d'une virée shopping ft. Bonnie

La journée avait été chargée, achevant une semaine particulièrement longue et tout ce qui avait un peu motivé Bonnie était la perspective d'aller boire un verre avec Damon en fin de journée. Sauf que Damon étant Damon, lorsqu'elle lui avait envoyé un message en milieu d'après-midi pour lui demander de lui réserver une dose d'une de ses meilleures bouteilles, il lui avait annoncé qu'il n'était pas disponible ce soir. Réussir à obtenir plus d'informations aurait été un miracle et elle le savait, alors elle se contenta de sa vague excuse bidon qui ne trompait personne et fit semblant de le croire. Parfois, faire semblant était la meilleure option. Elle faisait mine de croire qu'il n'était pas en mauvaise compagnie, en train de faire des choses qu'elle ne validerait pas et il faisait semblant de ne pas voir qu'elle n'était pas dupe. Elle était certaine qu'un jour, il lui devrait la même pudeur.

Vers dix-sept heures, elle se trouva donc un nouveau projet pour sa soirée et se rendit au centre commercial. Elle n'avait pas vraiment de besoin urgent, mais elle avait besoin de deux ou trois carnets pour ses études de sorcellerie (elle refusait encore de leur donner le nom de grimoires) ainsi qu'un peu de matériel de bureau divers. Si le matériel se trouvait dans n'importe quelle boutique contenant de la papeterie, les carnets demandaient un petit truc en plus qu'elle ne pouvait trouver que dans une petite boutique dans un coin du dernier étage du centre. Hors de question de rassembler son savoir sur la magie dans un cahier classique, à spirale et petits carreaux. Non. Elle voulait des carnets de très bonne facture, au papier épais et résistant au temps, une couverture et une reliure solide et – pour le plaisir – une décoration soignée. Après tout, si elle travaillait bien, ces carnets seraient censés lui survivre.

Bonnie avait donc accompli la première partie de ses achats et s'apprêtait à monter au dernier étage lorsque son regard se posa sur une tête blonde qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle sourit en se rapprochant de Caroline Forbes.

« Salut Caroline ! », l'interpella la jeune femme dès qu'elle fut assez proche pour qu'une oreille humaine puisse l'entendre, même si elle savait que Caroline aurait pu l'entendre bien plus tôt. « Comment ça va ? J'ai l'impression que ça fait très longtemps qu'on ne s'est pas vu. »

Caroline Forbes a écrit:

La tension de la semaine pèse encore sur mes épaules, et je me demande ce que font mes amies proches, ou même mes deux princesses, ces temps-ci. Alors que je suis plongée dans mes pensées, la voix de l’une de mes deux meilleures copines résonne soudain. Au début, je crois à une hallucination, jusqu’à ce que je me retourne et l’aperçoive. Je souris largement à l’approche de Bonnie, ses yeux pétillant de joie malgré la fatigue de sa propre semaine.

"Bonnie ! Ça fait tellement plaisir de te voir," lui dis-je avec enthousiasme.

"Tu ne m’imagineras pas, mais ma semaine a été un vrai marathon entre les réunions du conseil et la gestion de petits drames surnaturels, sans parler des recherches pour sauver mes princesses. Mais dis-moi, qu’est-ce qui t’amène ici ? Tu réfléchis  a quelque chose de spécial ou tu viens pour trouver de quoi plaire à ces jeunes hommes qui te tournent autour ?

KoalaVolant

Ces derniers temps, Bonnie n'avait que trop peu l'occasion de voir ses proches, alors croiser Caroline, même juste pour quelques minutes, la remplissait bien évidemment de joie. Pour cette dernière, aussi, les journées semblaient vraiment bien remplies, ce qui expliquait sans doute le silence radio de ces dernières semaines. Le temps avait cette sale habitude de courir plus vite qu'ils ne pouvaient le gérer. Bonnie avait parfois l'impression que c'était hier qu'elles vivaient les mêmes jours immuablement longs à suivre des cours rébarbatifs, s'entraîner pour leurs chorégraphies de cheerleading et rêver de garçons. Que le temps leur semblait long à l'époque, une infinité de jours d'adolescentes qui rêvaient d'un jour être des grandes. Et puis en un battement de cils, le temps avaient passé, Caroline était devenue maman, Elena était tombée amoureuse d'un vampire, avait été kidnappée, était devenue amnésique et Bonnie essayait désespérément de trouver sa place dans un monde auquel elle n'avait jamais été plus sûre d'appartenir et d'être étrangère à la fois.

« Des jeunes hommes qui me tournent autour ? Ou ça ? », demanda la jeune sorcière, faisant mine de regarder autour d'elle avant d'afficher son plus beau sourire amusé. « Non. Non, je n'en vois pas un seul ! »

L'image d'un certain vampire traversa son esprit et elle se maudit elle-même. Idiote petite Bonnie ! Si elle avait été autrefois une jeune fille un peu trop travaillée par ses hormones et se rêvant une idylle avec tous les beaux garçons du lycée, elle n'était plus cette fille là. Elle ne pouvait pas laisser ses hormones contrôler ses pensées et lui intimer des fantasmes d'idylle avec un buveur de sang. C'était le truc d'Elena, ça. Pas d'elle. Et certainement pas un truc que lui envisagerait. Elle n'était qu'une pauvre idiote imprudente qu'il aimait bien protéger. Elle était beaucoup trop seule, depuis beaucoup trop longtemps. Voilà tout. Bonnie Bennett et les histoires de contes de fées qui n'existaient que dans sa tête. Peut-être qu'elle était toujours cette gamine naïve, après tout.

« Hélas, je ne suis venue que pour remplir mes devoirs d'étudiante. Il y a une boutique qui propose des carnets vraiment sympa et solides. Et puis j'avais aussi besoin de matériel plus scolaire. C'est fou ce qu'on écrit dans un cursus d'histoire. Et puis ça me permet de m'aérer un peu l'esprit. Entre mes cours et mes sorts ratés, les jours sont un peu déprimants ces derniers temps. »