- Quel est votre nom ? Cette question me fit sourire, légèrement. Après tout ce n'est pas comme si j'avais réponse à toutes les questions. Alors je fis comme j'en avais l'habitude pour les questions auxquelles je n'avais pas de réponse, je bluffai.
S'il y avait bien une chose que je détestai par dessus tout, c'était de ne pas savoir, de ne pas pouvoir répondre à une question que l'on me posait. Cela me mettait mal à l'aise, et encore maintenant, malgré toutes ces années.
- Helena, fini-je par répondre. Mais quelle importance ?
Je tentai d'avoir le plus d'assurance possible en prononçant ces mots, en espérant que mon hésitation ne se voyait pas trop.
Vous allez me dire, ce n'est qu'un nom, mon nom, c'est la question la plus facile du monde pourtant !
Si seulement vous pouviez avoir raison, si seulement mon nom était la première chose que j'avais pu apprendre. Mais ce n'est pas le cas, je n'ai pas de nom, pas de mère ni de père, pas de famille et bien peu d'amis.
J'ai été abandonnée, je ne sais pas vraiment à quel âge ni pour quelles raisons. J'ai été recueillis et élevée par une femme qui avait déjà bien trop de bouches à nourrir, mais qui a eut pitié de moi lorsqu'elle m'a trouvée. Pour dire vrai, nous nous sommes surtout élevés entre nous, les enfants, pendant qu'elle récupérait le butin. Nous étions si jeunes, si petits, si frêles, que nous passions inaperçu dans les rues de Valence, pillant les passants et les étales sans même que quiconque s'en aperçoive.
Je ne me souviens de rien avant cela.
Et même de cette époque, je n'ai pas envie de me souvenir.
Madre Carmen était la pire mère que nous puissions avoir, enfin c'est ce que je pensai. Les coups étaient monnaie courante, gifles, claques, coups de pied ou de fouet. Sur ma peau aussi blanche que la neige, on ne voyait que ça.
Lorsque j'ai eu quatorze ans, j'ai cessé d'aller dans les rues pour voler. Madre Carmen m'enfermait dans une chambre et faisait venir des hommes plus ou moins âgés, tant qu'ils avaient de l'argent elle s'en fichait.
- Tu vas me rapporter bien plus ainsi, ils te trouvent tous tellement belle. Je ne vois pas pourquoi. M'avait-elle lâché, de son air le plus dédaigneux.
J'avais seize ans, lorsqu'il est arrivé. Un homme de plus dans cette chambre dans laquelle je ne restai jamais dormir. Un homme de plus, mais celui-ci prenait la peine de me demander mon nom.
Sauf que je n'en avais pas. Qui prend la peine de donner un nom à son gagne pain ? J'avais bien des surnoms, en lien avec ma pâleur, ma blondeur, mais aucun qui ne me plaise, qui ne me mette en valeur. C'est pour cela que j'ai hésité, j'ai dû me trouver un nom, afin de pouvoir lui répondre.
Ce nom qui n'était pas le mien, je l'avais entendu dans la rue. Hélé par un homme visiblement saoul. Mais la femme qui s'était retournée à ce moment là, était d'une beauté à couper le souffle. Je ne sais toujours pas qui elle était, mais elle m'avait inspirée.
Et j'étais là, me baptisant seule "Helena", devant cet homme qui je dois le reconnaître, avait plus de manières que la plupart de ceux que j'avais pu rencontrer. Enfin c'est ce que je pensais.
- Et sais-tu qui je suis, Helena ? Il me le demanda d'une voix à la fois suave et pleine d'autorité. Comme si le fait qu'il se soit intéressé à moi une seconde était suffisant pour que je me prosterne à ses pieds.
- Pas la moindre, répondis-je avec audace, le défiant du regard.
Sa réaction ne se fit pas attendre. Le jouet qu'il avait payé, si peu cher nous devons bien le dire, ne semblait pas entrer dans son jeu, et cela l'agaça au plus haut point. Sa main jaillit sur ma gorge, et se serra avec intensité pendant que l'autre s'évertua à baisser son pantalon.
Il m'était arrivé bien pire. Mais cette fois-ci, les choses se déroulèrent d'une bien étrange façon. Je savais qu'il ne me laisserait pas indemne après cet affront, la panique et une folle envie de lui arracher la tête m'envahit. Mes mains posées sur la sienne dans le but de desserrer ses doigts, devinrent tout à coup brûlantes. C'était une sensation plutôt agréable je dois l'avouer, et qui sembla l'incommoder tant qu'il me délivra en un instant. Son regard sur moi était désormais empli de craintes, et il bafouilla quelques mots avant de prendre ses jambes à son cou.
- Un siphon... Un putain de siphon... Elle va me le payer. Avait-il marmonné dans sa barbe.
Je ne savais de quoi il parlait, mais j'eu le temps d'entrevoir l'état de sa main avant qu'il ne passe la porte. Et la vue de sa chair à vif, pleine de cloques, me donna des hauts le cœur.
Il me fallu du temps avant de comprendre ce qu'il s'était passé. Mais après son passage, j'ai été enlevée et séquestrée pendant des semaines, et c'est là que j'ai compris. J'ai compris ce que j'étais.
Des vampires m'avaient enfermée dans une cage, bien loin de là où j'avais grandi. Le voyage lui-même avait duré plusieurs jours, oscillant entre la marche et le bateau. Je ne savais pas où j'étais, ni qui ils étaient.
Ce qu'ils me voulaient était obscur, car les hommes de main qui s'occupaient de moi n'en avaient visiblement pas la moindre idée. Ils évitaient tous de m'approcher, et me regardaient comme une bête de foire. Est-ce que j'étais si terrifiante que cela ? Je n'avais pas conscience de ma puissance, mais à force de les écouter parler, j'avais compris quel pouvoir se cachait en moi depuis tout ce temps. Un siphon, un siphon à magie et eux des créatures magiques. J'avais apparemment le dessus sur eux, s'ils m'en laissaient l'occasion. Et le fait que je ne sache rien de ma condition les effrayaient au plus haut point. Selon leurs dires, n'ayant pu m'exercer, je ne saurai m'arrêter et les tuerais à coup sûr s'ils avaient le malheur de s'approcher trop près de moi.
En réalité, je ne savais même pas comment cela fonctionnait, comment aurai-je pu faire du mal à qui que ce soit sans même savoir comment m'y prendre ?
Cependant, cette cage fut malgré tout réconfortante. C'est triste à dire, mais je préférai être ici, et fuit comme la peste, que de retourner dans cette chambre entre les mains sales de ces hommes dont l'âme est aussi souillée que leurs ongles.
Vint enfin le jour de mon salut, en tout cas je l'espérai.
Je rencontrai Renly, celui qui avait ordonné ma capture. Un homme grand et élancé, qui portait la barbe avec beaucoup d'élégance. Il entra dans ma cage, sans peur ni appréhension, du moins c'est ce qu'il tentait de me faire croire.
- Bonjour, Helena. Me dit-il d'une voix rauque et pourtant douce à la fois.
Je suis désolé de t'avoir fait subir tout cela, mais après ce que tu as fait à Gregor, nous ne pouvions pas prendre de risque. Es-tu prête désormais ?- Prête à quoi ? demandais-je, intriguée par la tournure que prenait les choses, et follement effrayée. Après tout, ma situation depuis ma naissance n'a jamais été enviable ne l'oublions pas. Que pourrait-il m'arriver de bien ?
- Prête à sortir de cette cage, dans un premier temps, et à écouter ma proposition ensuite. Que dirais-tu d'aller marcher un peu ? Que je te fasse visiter ? Timidement, j'agrippai le bras qu'il me tendait afin de me relever, et le suivi hors des barreaux de fer, vers l'inconnu.
C'est à cette période là que les choses s'accélérèrent pour moi. Je devins leur arme secrète. Il s'agissait là d'une petite bande de vampires, je ne dirai pas inoffensifs car nul vampire n'est inoffensif, mais pour leur défense j'étais leur seul défense fasse à l'ennemi. Quel ennemi pour des vampires me direz-vous ? Les chasseurs de vampire bien sûr. La Confrérie des cinq, les mortels dont la destinée est de tuer des vampires. Son entrainement de chevalier avant sa transformation (oui sa transformation date un peu) ainsi que sa stature lui donnaient souvent avantage lors d'affrontements avec d'autres vampires. Mais il savait qu'un jour, la guerre prendrait une toute autre ampleur, et que ses amis et lui ne pourraient s'en sortir vivant sans une aide extérieur.
C'est ainsi que, lorsqu'ils ont découvert mon existence et ma situation, ils ont décidé de venir me chercher.
Après de longues conversations avec Renly, nous avons fini par tomber d'accord. Je n'étais pas un jouet, j'avais une couche, des vêtements et de quoi me sustenter, et en échange je m'entraînai à utiliser mon don pour les défendre.
J'apprenais vite, et les quelques grimoires qu'ils avaient pu me dégoter n'y étaient pas pour rien. C'était maigre comme informations comparé aux capacités que j'avais, mais c'était déjà un début. Et cela leur convenait ainsi, car malgré notre promesse l'un envers l'autre, Renly continuait de me craindre. Son visage n'y laissait rien paraître, mais j'avais fini par percer sa carapace, et nulle ne le connaissait mieux que moi désormais.
Les mois passèrent, et Renly finit par se détendre un peu plus chaque jour. Nous devenions presque des amis. Ses amis eux restaient méfiants à mon égard cependant, craignant qu'un jour je ne les poignardes dans le dos. Ils n'avaient pas tout à fait tord, qui peut dire comment il réagirait pour sauver sa vie ?
J'ai pourtant finit par le découvrir.
Alors que nous étions à cheval, nous déplaçant vers la Nouvelle-Orléans, nous nous sommes fait attaquer par un homme.
Cet homme était bien plus fort et résistant qu'un simple humain, et bien au fait des capacités de mes amis. Alors qu'il tuait les deux premiers vampires sur son passage, Renly se rapprocha de moi. Il me regarda dans les yeux un instant, et avec détermination il m'enfonça son poignet dans la bouche.
- C'est l'heure, ma douce. Me dit-il en même temps. Il venait de se le trancher, et je senti son sang chaud couler dans ma gorge, avant de sentir une lame discrète s'enfoncer dans ma carotide.
Pendant ce temps, l'homme bien trop fort pour être un homme, avait tué tous ses amis. Il ne restait plus que nous.
Je n'ai pas été assez rapide. Je pensai être suffisamment entraînée, mais on ne l'est jamais assez face à l'inconnu. Nous avons été pris par surprise, par ce chasseur de la Confrérie des Cinq. Et alors que je tentai d'utiliser mes pouvoirs, il était déjà trop tard. Renly était tombé de son cheval et son sang se répondait en une flaque presque aussi grande que lui. Ce fut la dernière chose que je vis avant de mourir. Mon corps commença à sa balancer, et mon cheval effrayé m'emmena loin de ce carnage, au fin fond de la forêt.
Lorsque je me réveillai, j'étais seule. Tombée de mon cheval qui s'était enfui.
La panique m'envahit, ainsi que la tristesse et la terreur. Je me recroquevillai par terre, pleurant et sanglotant, tentant de comprendre ce qu'il venait de se passer. Puis une sensation très désagréable m'envahit. Une sensation de soif intense, brûlante, que je me devais d'assouvir.
Je pris l'une des gourdes d'eau tombée au sol pendant l'attaque, et m'empressait de la boire comme si j'en avais manqué pendant des jours.
Mais cela ne me soulagea pas. Ce n'était pas d'eau dont j'avais soif.
Ne comprenant pas ce qu'il se passait, j'entrepris de continuer notre périple, et me mis à marcher jusqu'à la ville la plus proche. Titubant à mesure que le temps passait. J'étais épuisée, et toujours aussi assoiffée. Mes genoux finirent par me lâcher, je m'écroulai.
- Tout va bien ici ? Dit une voix quelques temps plus tard.
Tentant de me relever, je distinguais trois hommes qui s'avançaient vers moi.
- Mais qu'est-ce qu'on a là ? C'est notre dessert on dirait on dirait ! dit un second.
Et ils s'approchèrent de moi, leurs regards lubriques me dévisageaient et leurs mains maintenant sur moi commençaient à me déshabiller.
C'est là que tout commença réellement. Lorsque l'un d'entre eux commença à se coller contre moi. Je le senti, son cœur battant dans sa poitrine, son sang qui coulait dans ses veines. Rien ne pouvait me retenir, la sensation de soif était beaucoup trop forte, brûlante au fond de ma gorge.
Utilisant le peu de force qu'il me restait, je l'attrapai par le cou, et ramenai sa gorge à ma bouche, y plantant mes dents avec vigueur. Son sang fut salutaire, et celui des deux autres également. Je me délectai, jusqu'à ce qu'il n'y en ai plus une goutte dans leurs corps.
Ma soif étanchée, je me relevai, et contemplai le désastre. Ses corps sans vie devant moi me firent me détester, jusqu'à ce qu'une petite voix dans ma tête se manifeste, et me dise qu'après tout, étaient-ils là pour m'aider ? M'auraient-ils sauvée ou bien simplement violée et laissée là, comme eux le sont maintenant ?
Cette nouvelle vie me convenait, j'étais devenue comme Renly, en pire car ma magie était désormais inépuisable, nul besoin de siphonner pour m'en servir. Je me sentais puissante comme jamais ! Alors je continuai mon chemin, me nourrissant de tout ceux qui avaient envie de me faire du mal d'une façon ou d'une autre. Ce qui fit un paquet de cadavre derrière moi. Après tout, c'était une belle vengeance sur ma vie, pour tout ce que j'avais pu subir !
Jusqu'au jour où je me suis retrouvée là. Seule.
Ce monde semblait le même, mais plus aucune âme qui vive.
Alors j'ai fini par dépérir, lentement et dans la douleur, tiraillée par la soif de sang. Mes veines se sont desséchées, comme ma peau, et je me suis endormie.
Combien de temps ? Je ne saurai le dire.
Un monde prison, c'est ce qu'on m'a expliqué. Les sorcières m'ont trouvée, et m'y ont expédiée, ne voyant aucun autre moyen pour que j'arrête le massacre. Je ne peux pas leur en vouloir, je n'ai pas su me contrôler. Les cadavres de violeurs, de voleurs finissaient par devenir les cadavres de jeunes qui ne savaient simplement pas comment parler à une femme. Tout était devenu prétexte à tuer pour me nourrir.
J'en suis sortie en l'an 2016. Et j'ai atterri dans un monde pour le moins changé. J'ai rencontré pas mal de monde, ce qui m'avait manqué, et tous m'ont aidé à m'intégrer. Me nourrir n'est pas encore chose aisée, mais avec les conseils et le soutien d'autre hérétiques que j'ai pu rencontrer, j'ai fais énormément de progrès.
J'avais trouvé un petit job de serveuse dans un bar, ce qui me permettait de pouvoir me nourrir plutôt facilement. De la viande saoul c'est mieux que rien. J'avançais tout doucement dans ma vie, jusqu'à ce mois de février. Depuis, j'ai tout oublié.
Aymili / Stillnotginger.
ça fait trèèèèèèèès longtemps que je voulais reprendre le rp mais que je n'avais pas le temps... alors soyons indulgents, s'il vous please
a bien pris connaissance du règlement et s'engage à le respecter.